Une rumeur traînait depuis quelques jours dans le village : un petit groupe de ninja se trouverait dans le désert. Trop peu pour entreprendre une attaque. Que voulaient-ils, je n’aurais pu en jurer et personne dans le village ne le savait. La rumeur restait ce qu’elle était, une rumeur. Je n’y accordais déjà plus d’importance.
Le lendemain, à mon réveil, je décidais d’aller voir le Kazekage et de solliciter une mission. J’entrais donc dans le palais pour la première fois. A l’entrée on sollicita mon bandeau. Rangé dans ma veste il restait invisible tout en protégeant mon cœur, je le sortis donc lentement. Une fois ce détail passé, et reçu dans le bureau du Kazekage, je me vis confié par l’un de ses conseillers une mission qui me fit malgré moi sourire : Aller aux devants du groupe de ninja situé non loin du village, selon les dernières informations il s’agissait de représentants du village de la brume. Avec une imprécation de la tête je sortis tranquillement.

Avec de la chance je pourrais m’exercer. J’attendais volontairement que la nuit commence à tomber, si la première fois ils avaient été repérés de cette façon, il y avait de grande chance que cela recommence. Je voyageais seul, ce qui pouvait être un handicap, mais je n’avais aucune connaissance dans le village, et on n’avait pas jugé utile de m’intégrer à une équipe. Cette mission serait donc une mission solitaire, au moins je ne me sentirais pas persécuté. C’est en courant qu’une idée me traversa l’esprit, pourquoi les traquer quand je pourrais les attendre tout simplement sans me prendre la tête. J’escaladais la paroi de la falaise, et une fois en hauteur je cherchais ce point brillant que ne manquerait pas de faire un feu dans cette vaste étendu grise et noire.  A mon grand malheur il ne se passa rien, du moins c’est ce que je cru durant les premières heures de ma traque.

Il faut savoir qu’il est impossible de traquer quelqu’un dans un désert, du moins pas à l’aide des moyens traditionnels, les traces de pas dans le sable sont effacées au gré du vent. Les sons sont déformés par le milieu environnent, et les reliefs du désert offrent des embuscades parfaites.

Ce groupe avait sans doute fini par s’habituer à cela, mais il y avait une chose contre laquelle ils auraient du mal à lutter sans feu, le froid glacial d’un désert la nuit. Et je misais tout sur ça. Je m’en allais donc en courant dans le sable, bien qu’il ralentisse mes mouvements, il camouflait aussi le son de mes déplacements. La distance devenait une notion abstraite dans ce monde bicolore, mais je peux dire que j’avais fait environ une dizaine de kilomètre en un temps que je ne saurais citer, avant de rencontrer un groupuscule. Cinq ou six personnes, trop peu pour attaquer de front un village, mais assez pour assassiner quelques personnes s’ils étaient des shinobis. Et un rapide coup d’œil à leurs équipements confirmait très vite la thèse ninja.

Le combat n’est qu’un seul et unique mouvement m’avait-on toujours dit, qu’il dure une seconde ou une heure. Trouver le rythme de l’adversaire et se fondre dedans. Mais comment faire lorsque six rythmes s’offrent à vous… Lequel choisir ? Le doute était si profondément ancré en moi, que je n’avais d’autre choix qu’une tentative de fuite. Un saut en arrière, puissant, gracieux. Mais malheureusement trop réfléchis et trop prévisible. Dans la seconde qui suivait j’avais l’un des shinobis derrière moi. Une parole, et un mouvement.

« Quel village représentes-tu ? »

Que pouvais-je dire alors que son kunai s’était posé sur ma gorge. Je n’avais le choix que de la vérité et de la contre-attaque.

« Suna. »

Une réponse simple, un mot claquant dans la nuit. Mon coude s’enfonçant dans ses côtes et mon autre main s’emparant de mon arme. D’un puissant mouvement de pivot je fis voler la chaîne pour prendre mon assaillant à la gorge. Le tour fut un succès, enfin je le croyais, et en regardant bien plus personne n’opposait de résistance. En les regardants bien j’avais fini par comprendre, il fallait bien une équipe de ninja pour survivre dans un désert, il fallait bien un groupe de ninja pour parler diplomatie à un village potentiellement dangereux.

« Dans ce cas guide-nous. Le Kazekage serait contrarié de compter Kiri comme ennemi. »

Le chef du groupe n’ajouta rien, il ramassa ses affaires et continua sa route. J’étais inutile, mais présent. Je relâchais donc le shinobi, et emboîtais le pas à ce drôle de personnage. Nous arrivions au village au petit matin, les gardes nous barrèrent la route. Et dans un rituel mécanique, une autre troupe de shinobis vint prendre mon relais.

J’avais accompli ma mission, mais je ne savais trop pourquoi j’avais une sensation d’échec. J’avais perdu mes moyens face à un groupe qui ne se battait que pour se défendre. J’avais été aussi transparent que du verre pour eux. Même si ma mission avait été de les tuer je n’aurais représenté aucunes gênes, pas même un contre temps.  J’étais faible, terriblement faible dans le monde ninja. Je devais y progresser et au plus vite si je voulais pouvoir résoudre mes problèmes.